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25 janvier 2009

L'étonnant dossier judiciaire d'un homme mort en garde à vue

L'étonnant dossier judiciaire d'un homme mort en garde à vue
       

Le récit originel, donné par les policiers, avait convaincu les premiers enquêteurs de l'Inspection générale des services (IGS). Ils avaient conclu à l'absence de faute des fonctionnaires présents ce soir-là au commissariat, validant leur thèse selon laquelle le Malien, interpellé car sans-papiers, se serait volontairement cogné la tête contre le mur de sa cellule. Des explications jugées convaincantes par le procureur de la République de Nanterre. Il avait classé l'affaire sans suite.

PLAIE AU THORAX

La famille n'a jamais cru à cette version. Ayant constaté la présence d'une plaie sur le thorax de la victime, elle a porté plainte. "Depuis, on a multiplié les découvertes étonnantes", relève leur avocat, Yassine Bouzrou. D'abord un dossier médical incomplet : il y manquait les scanners et les originaux des observations des médecins, indispensables pour analyser les causes de la mort.

L'hôpital a fouillé ses dossiers mais n'a rien trouvé. Pendant trois ans. Jusqu'à la demande, par l'avocat, fin 2008, d'une enquête pour "vol de documents" : en quelques semaines, l'administration a mis la main sur le dossier jusque-là introuvable.

Le parquet de Nanterre, qui avait lui-même conservé par erreur une autre partie du dossier médical sans que personne ne le sache, reconnaît ces " dysfonctionnements", mais souligne que les expertises n'invalident pas les déclarations des policiers. "Les médecins estiment que les lésions constatées sont compatibles avec l'hypothèse d'un choc contre un mur", indique Astrid Granoux, substitut du procureur.

Le deuxième sujet d'étonnement concerne l'état de la caméra, placée à quatre mètres de haut, censée filmer la cellule. Selon les policiers, celle-ci ne fonctionnait pas, les fils ayant été arrachés par un précédent gardé à vue. De nouvelles investigations remettent en question cette version. "Vu la hauteur de (la caméra), fixée au plafond, elle est hors d'atteinte des gardés à vue, même en montant sur le banc", note l'IGS.

Les policiers, réinterrogés fin 2008, ne se souviennent plus. "Je n'ai aucun souvenir de cela", a ainsi expliqué l'ancien commissaire de Courbevoie devant l'IGS. L'ancien chef de poste a, lui, maintenu que la caméra avait bien été abîmée. Mais il a évoqué, sans plus de précisions, des dégradations commises "les jours qui ont précédé" ou "les jours qui ont suivi" la garde à vue de M. Tandia.

De fait, les enquêteurs n'ont trouvé aucun signalement de la dégradation, ni demande de réparation. "Il y a une contradiction entre les déclarations initiales des policiers et les constatations de l'IGS. Cela justifie l'ouverture d'une enquête pour faux témoignage", affirme Me Bouzrou. Le parquet relativise ces déclarations : "Les policiers sont moins affirmatifs, mais leurs nouvelles auditions interviennent près de quatre ans après les faits."

Le troisième motif d'interrogation vient des vêtements portés par la victime le soir de sa garde à vue. Intriguée par la plaie sur le thorax, la famille a demandé leur analyse. Curieusement, ceux-ci n'avaient pas été saisis et étaient restés au commissariat. Plus étonnant, il semble manquer le haut porté par la victime. "On a uniquement retrouvé une veste sans manches alors qu'on était en décembre et que Tandia portait des gants", relève l'avocat.

Le parquet émet l'hypothèse de leur disparition au moment de l'intervention des secours : "Dans ces cas-là, les pompiers peuvent être amenés à découper les vêtements." Les proches d'Abou Bakari Tandia devaient se réunir, le 24 janvier, pour commémorer le quatrième anniversaire de sa mort.

Luc Bronner


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